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Rencontre

  • Photo du rédacteur: Valentine Birnbaum
    Valentine Birnbaum
  • 27 oct. 2020
  • 2 min de lecture

Le jour se lève sur l’horizon et la chaleur accompagnante réveille doucement le sable endormi tandis que discrètement, flottent dans l’air encore quelques résidus d’un parfum nocturne. Les pas de Maoh résonnent seuls, au milieu du silence éternel du désert. Et alors que le poids de ses pieds dessine la preuve de son passage en ce lieu, le vent lui, s’efforce de l’effacer. Il porte un boubou qui lui recouvre entièrement la silhouette et la danse de son ombre semble suffire à perturber le règne paisible du non vivant.

Invincible, Maoh poursuit son ascension sans cesse et ne laisse jamais vaciller son attention. Ses yeux regardent droit devant le soleil levant et se plaisent à se rassurer d’être encore vivants pour une nouvelle journée. Et tandis que le vent souffle ses secrètes mélodies aux oreilles du pèlerin, il l’entraîne avec lui dans une valse endiablée, dans une salsa ensablée. Il est si beau cet homme, si seul, si vivant. Ses traits sont durs et féroces, affirmant avec fierté la ferveur et l’énergie de leur maître. Il fait trembler le calme et chacune de ses enjambées secoue de terreur les grains de sable qui s’envolent en pagaille comme pour se réfugier de leur sort. Maoh est déterminé et sans relâche, sans piété et sans attache. Il est un surhumain. Il se sent libre comme un aigle, fort comme un bœuf, vif comme une vipère et confiant comme un guerrier. Il sait déjà que rien ne saurait entraver sa quête, ni un danger extérieur, ni lui-même.

Cela fait des mois que Maoh marche dans ce désert sauvage et les subtilités du terrain lui sont désormais familières. Aucune dune d’eau ne pourrait dès lors échapper aux sens avertis du voyageur. Ses forces et ses muscles se sont même habitués à la chaleur extrême et à l’endurance persécutrice qu’impose le milieu. Son mental et sa volonté, terrassés d’abord par la géhenne de la traversée, surmontent aujourd’hui sans soucis le poids d’une falaise sur leurs épaules. Sa peau séchée et desséchée des rayons sanguinaires du soleil, respire maintenant d’un air frais et confortable. L’organisme tout entier de Maoh s’est transformé, renouvelé, métamorphosé comme une évolution accélérée qu’on appellerait « adaptation ». Il est un surhumain. Ses yeux voient aussi loin que ceux d’un rapace affamé et interceptent le plus petit mouvement d’une proie ensevelie. Ses oreilles entendent jusqu’à la chute délicate d’une seule larme de rosée sur le sable encore froid de la veille. Rien ne lui échappe, ses sens sont affutés comme une lame de rasoir et ses réflexes nerveux comme un courant électrique. Il est un surhumain. Les pieds de Maoh avancent sur le tapis doré de la liberté, sur les escaliers de l’élévation. Et son cœur pompe l’espoir jusqu’au tréfonds de ses capillaires et fait transpirer l’amour par les pores de sa peau. Son âme, légère de toutes ses plumes, voltige à présent dans les airs de la sagesse.

Et alors qu’il est empli de cette conscience, Maoh réalise qu’il est arrivé à destination. Il s’est enfin rencontré. Il est un surhumain.


Valentine Birnbaum

le 5 Avril 2020, Montpellier


Photo © Valentine Birnbaum, 2020, Cévennes

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© Valentine Birnbaum 2020

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