top of page
Rechercher

Amygdale

  • Photo du rédacteur: Valentine Birnbaum
    Valentine Birnbaum
  • 11 avr. 2020
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 oct. 2020

Thème : projectile – horreur – charnière



22h. La nuit est encore plus calme que ma vie sexuelle. Le silence m’angoisse et je suffoque de cette claustrophobie mentale. Seule ici j’imagine les pires scénarii d’enfant démembré qui jaillirait du placard. Un esprit frustré de sa mort et qui tenterait de violer le visage de tous les habitants de la maison. Mon cerveau se remémore tous les souvenirs les plus glauques dont le cinéma m’a aimablement doté. Et alors que mon imagination s’excite et s’emballe comme jamais elle ne le fait pour les émotions positives, je choisis de noyer mon attention dans l’intrigue claquée d’une série trop essoufflée de ses saisons. Mon instinct, si peu adapté aux situations angoissantes, choisit la stratégie de l’autruche pour me sauver du danger. La série est plate comme attendu, vide de sens et d’intrigue. Je laisse divaguer mon esprit dans des chemins sinueux, chaque pas assombrissant un peu plus le décor. Les bruits semblent se réveiller de tous les coins de la pièce alors que mon état d’alerte atteint son maximum. Tous mes sens sont à l’affut et la moindre perturbation est captée par mes sens. L’adrénaline inonde tout mon cerveau et il me semble ne plus pouvoir en refermer le robinet. Ça y’est j’ai peur. Et plus mon organisme se prépare à cet état, plus les choses autour de moi prennent une allure suspecte. Je doute de tout, tout paraît dangereux, jusqu’au bruit énervant que fait le continuellement le frigo. Je flippe putain, et je me fais flipper toute seule. Pas un seul stimulus ne mérite le statut de menace mais peu importe, je n’arrive pas à convaincre mon amygdale, cette grande stressée. Elle s’emporte, entraînant dans sa course ma respiration et mon rythme cardiaque. Elle fout le bordel là-haut et brouille toutes mes perceptions. Que quelqu'un l’arrête avant qu’elle ne me fasse donner vie à toutes les ombres qui croisent mon champ de vision.

Je respire profondément essayant de retrouver une attitude d’adulte après avoir perdu tout ce qui s’apparentait à de la dignité ces trois dernières minutes. Et avec force et acharnement je parviens à me ressaisir, à me convaincre de l’absurdité de la scène. Mon pouls ralentit et ma rationalité est à nouveau fonctionnelle. Quoique… Une tension pèse encore dans la pièce. Sans avoir fait la transition à ma conscience mon corps a déjà repéré une anormalité, un changement subtile, quelque chose qui cloche. Mon regard analyse scrupuleusement les moindres détails environnant et mes yeux fixent la charnière cassée et pendante de la fenêtre du salon. Une main attrape ma gorge sans que je n’eu le temps de réaliser que je prenais ma dernière inspiration puisqu’un bruit assourdissant de projectile rétablit le silence dans mon crâne.


Valentine Birnbaum

le 12 avril 2020, Montpellier


| Photo © Valentine Birnbaum, 2020, Montpellier - France

Comentários


© Valentine Birnbaum 2020

bottom of page