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Coma

  • Photo du rédacteur: Valentine Birnbaum
    Valentine Birnbaum
  • 16 sept. 2021
  • 3 min de lecture



L’ombre du plafond s’est réduite pour laisser place à l’imposante stature du soleil. Il illumine toute la pièce désormais accompagnée de l’odeur de sa chaleur. Il doit être 15 heures. J’ai envie de mourir, j’ai envie de me suicider. Prendre une lame de rasoir et me taillader les veines, ingérer des boites de médicaments et m’endormir dans mon vomis. Je veux accrocher mon draps au plafonnier et me pendre à celui-ci, me cogner le crâne contre le mur jusqu’à ce que le sang jaillisse de mon front, jusqu’à ce que ma cervelle s’échappe de ma boite crânienne. J’aimerais m’étouffer avec mon oreiller, m’étrangler avec un câble ou simplement me défenestrer. J’aimerais bouger de ce lit et me jeter dans le vide. J’aimerais réveiller mes membres et leur ordonner de m’assassiner, leur quémander de me scalper, de m’écorcher de me torturer. J’aimerais tout faire pour sentir à nouveau, sentir la peine et la souffrance qui alimente mes nerfs, j’aimerais que la vie s’écoule de mes orifices et me quitte hautainement. J’aimerais mourir, j’aimerais crever, que la mort vienne me libérer de ce corps prisonnier. Que la faux m’autorise à m’échapper de moi-même. Mon corps est inerte, immobile et cloitré dans ce lit. Mes yeux ne clignent même plus et le contact physique m’a depuis longtemps abandonné. Je n’ai pas vu ma famille depuis un an, je ne l’ai pas senti depuis la même période. Et pourtant je les entends chaque jour me parler, chaque jour pleurer, chaque jour me promettre que je me réveillerais. Je ne me réveillerai pas. Je suis coincé dans cet organisme qui ne veut plus de moi, je suis ligoté à mes membres qui m’ont paralysé, figé dans un espace-temps qui ressemble à l’éternité. Je ne peux plus bouger, je ne peux plus parler, je ne peux plus m’exprimer, je ne peux que penser, écouter et respirer. Libérez-moi de cette sentence pire que la mort, libérez – moi de ce gouffre qui m’effraie tant. Le silence me fait si peur, il m’abandonne dans l’incertitude de mon existence. J’ai peur ici, j’ai peur seul, j’ai peur d’être coincé pour vous rassurer.


Mon corps m’a fui il y a bien longtemps et mes sens se contentent de me transmettre des informations lointaines qui ressemblent aux mirages des rêves. Je ne sais plus où je suis, je ne sais plus si je suis. Comme bloqué dans un jeu qui beugue, tout semble se répéter, rien ne semble changer. Je suis condamné à sous – vivre pour vous plaire, condamné à subir la peine que vous n’êtes pas capables d’assumer. Je suis condamné à cette perpétuité qui finira de toute manière par me tuer.


Personne ne viendra avant ce soir. Personne ne viendra me voir avant que leur vie ne soit terminée. Je suis un boulet pour ceux qui continue de m’aimer. Je suis une gangrène qui pourrie l’antre de mes proches à mesure que le temps passe. Libérez-moi, libérez-vous. Privez-moi de votre peur et offrez-moi votre amour. Je me tuerais moi-même si je le pouvais, je m’arracherais mes veines avec toute ma volonté. J’abrégerai nos chaines qui nous retiennent à cette réalité, j’abolirais vos larmes si j’en possédais les armes. Je nous affranchirai de ce drame qui de son cœur nous crame. J’essaierai de tout mon corps, de tout mon cœur de tout mon for de nous sauver de ce malheur, de sonner les cloches de la fin de mon heure. Et si je rêve de cette réalité vous seuls pouvez m’euthanasier.





Valentine BIRNBAUM







| Photo © Valentine Birnbaum, 2021, Nouville - Nouvelle - Calédonie



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