Le coq est fier
- Valentine Birnbaum
- 19 mars 2020
- 2 min de lecture

Pourquoi la simple interdiction embrase-t-elle le désir le plus ardent de la corrompre ? Pourquoi une valeur revête-t-elle l’attrait le plus torride, le plus fougueux dès lors qu’elle nous est soustraite ? Nous voilà le 20 Mars 2020, confinés dans nos demeures depuis quatre jours à Montpellier et partout en France. Voilà quatre jours que nous rêvons de fuir le lieu où nous sommes assignés, quatre jours que nous vibrons comme des chiens dans des cages.
Il nous aura suffi de quelques mots bafouant nos droits les plus primaires pour que nos besoins d’évasion et d’affirmation imposent leur grandeur. Pourquoi est-ce si facile de deviner les tournants que nous prenons ? Si propres à notre culture et à notre histoire… Nous français, et nous latins, sommes des révolutionnaires, plus prévisibles encore que des chats vexés, nous agissons infailliblement à l’exact opposé de ce qui nous est recommandé. Comme un dernier espoir, un ultime comportement de survie pour préserver le peu de liberté qui ne nous semble pas encore arraché, nous ébranlons force et affront jusqu’à la dernière goutte, fusse cette dernière susceptible de nous apporter la plus infime des récompenses. Les agissements deviennent irresponsables, inconsistants, contradictoires, mais la fierté française est suffisamment précieuse pour justifier les moyens. Il faut à tout prix conserver ce qui subsiste de notre libre arbitre, quitte à aller à l’encontre nos valeurs, tant que l’on ne cède pas à l’ennemi… Les attitudes mettent en péril toute une patrie et risquent la vie de milliers d’individus, oui mais la fierté…
Le coq est fier, il hisse le bec suffisamment haut pour chanter son hymne et faire entendre sa voix à qui le voudra, au risque de se faire repérer par le loup. Bête et ignare, il n’y a que sa personne qui l’intéresse aux détriments de toutes les conséquences qu’il saurait engendrer. Le coq est fier oui, jusqu’au jour où il se fera dévorer.
Valentine Birnbaum
Le 20 /03/2020, Montpellier
| Photo © Valentine Birnbaum, 2020, Montpellier
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