Narcose
- Valentine Birnbaum
- 15 sept. 2021
- 2 min de lecture

La maladie du plongeur fou. Ivre des profondeurs, il se jette entièrement nu dans les abysses de son imagination. L’aventurier explore, sans lumière le tunnel infini de ses pensées. Comme narcosé de sa propre imprudence, il parcourt, euphorique, le mirage qu’il s’offre à lui-même. La pression le réconforte et le froid le caresse avec la volupté d’une couverture en plomb.
Mais son sang s’élance brusquement dans une danse insolente. Et la sentinelle de son bon sens s’anéantie doucement au son silencieux que l’absence de scène sensée sait si bien susurrer.
Il nage complétement épris du naufrage dans lequel il s’est enfoui.
Tout vacille, lui avec, tourbillon de folie qui l’arrête ?
L’arrête-t-il ?
L’a-t-il arrêté ?
L’ont-ils arrêté ?
L’arrête-t-il ?
L’art est-il
utile quand il s’agit de s’exprimer ?
Se perdre dans les abîmes au point de s’abîmer ?
Ou exploiter son vertige comme carburant pour s’envoler ?
Se noyer dans ce prisme pour échapper à la réalité
Attaché entre deux hydres : la mort ou l’éternité ?
« Dois-je poursuivre ce fil ou arrêter de l'explorer ?
Vivre pour survivre ? Je préfère m’abandonner
Palmer dans l’oubli, y rencontrer ma destinée
A la recherche de profondeur je m'éloigne de la surface
Mais la douce liqueur m'attire au fond des crevasses
Et ma folie d'explorateur me perdra si je me dépasse
Au point de ne jamais revenir de là où la lumière s'efface
J’fuirai à toute allure dans un monde parallèle
Et dans mon aventure j’serai poussé par Archimède
Mais j’fais bonne figure je sais que l’parachute m’aide »
*respiration*
« Le courant de mon crâne s’éteint, le nuage se dissipe
Je crois entendre au loin comme l’appel d’une missive
Mais je ne perçois plus rien, mon corps est incompressible
J’ai perdu le sens de l’équilibre, l’usage de ma vue
Ensevelis d’une avalanche, mes repères n’existent plus
Je ne sais même plus si j’avance ou bien si je recule
Ai-je recouvré la conscience, suis-je tombé dans l’hallu ?
L’air me semble bien plus dense, je crois que c’est de mauvaise augure…»
Valentine BIRNBAUM
| Photo © Valentine Birnbaum, 2021, île des Pins, Nouvelle - Calédonie
Comments