top of page
Rechercher

Le chant des sirènes

  • Photo du rédacteur: Valentine Birnbaum
    Valentine Birnbaum
  • 28 oct. 2020
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 janv. 2021


Et alors qu’une fois encore je laisse mes pensées naviguer vers tes horizons, je vois les couleurs de mon ciel se ternir et les houles s’emporter. Je m’aventure dans une eau agitée et pourtant je conserve toujours en moi la ferveur du matelot. Je sais que les mers qui nous relient sont troubles et dangereuses par leur profondeur et c’est au fond d’elles que j’y cherche précisément notre trésor. Je me laisse peu à peu emporter par le chant des sirènes et observe les chemins impétueux qu’il me fait traverser. Chaque image de toi se teint d’un éclat un peu plus sombre et alors je sais que je me rapproche des abysses. Les sirènes m’envoutent de leur voix si douce et entraînante et manipulent mes idées pour façonner du pire le décor qui m’entoure. Je me noie sans m’en rendre compte, je me noie dans mes pensées, je me noie en croyant flotter.

La mélodie est enivrante, elle parcourt mes entrailles et fait frissonner les poils de tout mon épiderme. Je goute chaque fois un peu plus à ce délire euphorisant des fantasmes qu’elle bâtit en mon sein et succombe aux délices de la dopamine qui inonde mon cerveau lorsque résonne ton nom au creux de mes synapses.

Je choisis de couler, de me jeter à la mer et rejoindre le mirage de tes bras qui vacille entre les vagues. Je fuis l’affront de la réalité et me réfugie dans des rêves bien plus prometteurs. Chaque seconde qui passe épuise un peu plus ma réserve d’oxygène et tout en souriant je sais que je périrais de ma folie. Mais je préfère le spectacle silencieux du monde sous-marin que la vision terrifiante de la tempête qui s’anime en sa surface. Le temps s’écoule et mes poumons se remplissent du poison que me servent les sirènes. Je l’accepte avec ardeur, elles sont mes bourreaux et les seules capables de soigner mes douleurs. Leur chant embaume mes maux d’un voile attendrissant de rêveries et elles profitent de mon inattention pour m’enchaîner les pieds au fond de l’océan. Le chant des sirènes chatouille mes oreilles du murmure de ton parfum et je consens à doucement m’empoisonner de ses arômes anesthésiants.



Valentine Birnbaum

le 11 avril 2020, Montpellier


| Photo © Valentine Birnbaum, 2020, Maré, Nouvelle - Calédonie

留言


© Valentine Birnbaum 2020

bottom of page