Violences policières
- Valentine Birnbaum
- 30 sept. 2021
- 3 min de lecture

SLAM
Hier un mec s’est introduit chez moi. 2h00 du mat’, mon chien aboie, elle hurle jusqu’à s’en déchirer la voix. Alors je sors, le corps qui dort, encore, et qu’est-ce que je vois ? Trois flics, flingue en main, fin content, insultent et frappent en vain. Ils coincent le voleur dans mon jardin. Entre deux murs explosent son crâne, à toute allure et lui s’écrase, ne répond plus, son corps est flasque. Pourtant la scène ne calme pas ceux qui matraquent, les six tibias y passent. Le sang jaillit de son antre et gise sur ma terrasse.
« Fils de pute. Enculé. J’vais t’niquer ».
Ces jolies métaphores sont toutes employées. Mais semble -t-il, un corps inerte au sol n’est pas sans danger, alors des poches des forces de l’ordre sort un taser bien chargé. Un choc, une convulsion. Deux chocs, trois chocs pour plus de passion jusqu’à ce que l’homme ne réponde plus aux impulsions. Armement de guerre, pour maîtriser un homme à terre.
Des cas comme ça, y’en a tous les jours autour de toi. On ne peut pas le nier, les discriminations institutionnelles envers les minorités font belle et bien parties de l’ADN du système policier. Jeune homme noir ou arabe t’as 20x plus de risque que moi de t’faire arrêter. Et les techniques de maintien des corps, font encore des morts comme George Floyd. Asphyxie positionnelle accompagnée de racisme institutionnel. Gaz et grenades lacrymo, LBD, GMD. R’garde tous ces mots, compliqués. Supposés nous protéger mais qui entraînent au final, la peur de manifester. Droit fondamental pour exprimer les maux du peuple, et ses idées. La démocratie est menacée si l’on a peur de s’rebeller.
Les agents de l’état sont les gardiens de la paix, mais comment la préserver s’ils sont les premiers à la déstabiliser ? Faudrait informer sur les définitions des tortures et c’que leurs victimes endurent. Parce que dans mon jardin brillait la lueur de celui qui aime la peine qu’il procure. De l’attaque, basculer vers la désescalade de la violence sans matraque, parfumer les dialogues et parades de patience. Car lorsque les limites sont dépassées, la situation elle, est dévastée.
Comment gère – t – on un pompier pyromane ?
Quand les sauveurs sont devenus des bourreaux et qu’dans le coeur des pauvres, c’est la peur qui sauve des ardeurs des fauves. Sursaut devant l’assaut des seuls sauvages que sont les ravisseurs légaux. La justice doit être impartiale quand il s’agit des droits d’humanité. Pour que les peines soient condamnables, faut sortir des conflits d’intérêt.
Mais attention, que l’on ne s’y méprenne pas, tous les flics ne sont pas comme ça. Et même s’ils l’étaient, pourrions-nous réellement les blâmer ? Baisse d’effectifs, manque de moyens. Il faut faire plus mais avec moins. Politique des résultats : montrer qu’l’État est efficace pour contrer les menaces. Augmentent alors les contrôles de délits rentables : on se sert chez les pauvres comme dans une étable.
Il faut également bien se rappeler que le travail des flics n’est pas de palabrer. La riposte à l’offense, ultime recours de défense. Avant existaient dans les rues, des travailleurs sociaux qui exerçaient en amont le boulot : désamorcer le danger, ouvrir la parole, apaiser les tensions. Et quand les mots ne suffisaient plus à éteindre la violence sociale alors les muscles de l’ordre intervenaient pour maîtriser la déviance animale. Pour que des individus agissent avec le meilleur fond, commençons peut-être par débloquer des fonds. Alléger les tensions, de ceux dont la fonction est d’apaiser celles de sa population. Supprimer les armes meurtrières car bizarrement « armement de guerre » rime avec « dérive policière ». Le lien avec la population est primordial, n’oublions par le rôle du travailleur social.
Ne répondons plus par la violence brutale
Amorcer le dialogue désamorce la balle.
Valentine Birnbaum
| Photo © Valentine Birnbaum, 2021, Maré - Nouvelle-Calédonie
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