Du vent
- Valentine Birnbaum
- 2 janv. 2021
- 1 min de lecture

Par un ciel d’été engagé, je pose ces mots à plat. Délivrés d’une conscience percée, ils semblent remonter une surface bien basse. Douce volupté d’un après-midi chancelant, le vent s’adonne à son plus beau ballet. Il réveille les plantes par des caresses sensuelles et murmure son désir au creux de leurs oreilles. Alors elles se mettent à danser, comme réponse à cette déclaration d’amour. Et les feuilles s’élèvent, s’abaissent, penchent et plongent. Elles s’animent comme elles ne le font jamais, car le mouvement cinétique de pousse est largement plus dissolu que celui d’un air excité. Les vibrations du vent au contact des branches dégagent un souffle puissant de symbiose. Le vent est capable de recréer du vent à partir de matière. Et l’effleurement de ses maîtresses végétales procrée la mélodie subtile de leur amour. Le vent virevolte, il est frivole et infidèle. Il parcourt libre comme lui-même les espaces incomblés, les parcelles inoccupées. Il explore tout, il se frotte à chacun et expérimente une valse effrénée à la moindre surface dégageant un peu de solitude de ses attraits. Le vent séduit, il conquiert les territoires abandonnés, il se sert de la matière pour glisser en son sein. Le vent aime à mourir mais le vent ne s’éteint jamais. Il parcourt le monde avec pour seule nécessité un espace pour circuler
Valentine Birnbaum
Le 27/10/2020, Nouméa
| Photo © Valentine Birnbaum, 2020, Poé - Nouvelle - Calédonie
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